À propos

Un projet amateur d’un amateur de bédé.

Bonjour! Je suis Eltobito. Un Abitibien qui habite Montréal.

En parcourant tous les coins de mon quartier, j’ai vu des gens traverser la rue pour ne pas me croiser, de l’incivilité à outrance. Des gens qui ont laissé des déchets dans des poubelles trop pleines ou des montagnes d’objets à donner devant des friperies clairement fermés depuis longtemps. J’ai vu des gens rire seuls, me sourire, discuter chaque bord du trottoir ne réalisant pas qu’on doit couper leur bulle, faire la file au Dollorama, au Clark Café, à la quincaillerie, à la SAQ.

J’ai vu aussi des marcheurs, des coureurs, des cyclistes, des promeneurs de chiens, des tenniswomen, des basketteurs, des disc-golfeurs, des hockeyeurs, et ce dans la pluie, le vent, la canicule, la neige et le froid. 

J’ai vu des chats, des chiens, des écureuils, des castors, des cormorans, des hérons, des outardes, des canards, des pigeons, des raton-laveurs, des chevreuils, des moufettes, des rats morts(heureusement), des poissons, des renards…et j’aurais pu voir une baleine si la chance avait été avec moi.

J’ai commencé à me photographier en me fichant de  ma face vieillissante que je dois exposer quotidiennement par vidéoconférence. À partager davantage les niaiseries que je voyais et celles que je pensais. À divertir les gens en arrêtant de me demander pourquoi des choses aussi simples peuvent les amuser autant. À danser dans ma cuisine et dans un quartier industriel.

Tout cela m’a donné le gout de raconter des histoires. Je ne me trouve pas pire là-dedans. Mais je vais y aller simple. Pas trop élaboré. Il y a 15 ans, moi et mon ami avions créé une bédé pour le fun. Lui au crayon, moi à la plume. Je décide de retourner vers ce média. Le comic strip. Il n’y a qu’un seul problème…je ne sais pas dessiner.

Je ne suis pas capable de faire 2 lignes semblables de suite. Mon écriture manuscrite rivalise avec celle d’un enfant de 8 ans. Je pars du kilomètre -20 d’un marathon. Mais tsé, je vois une tonne de bédés super simple sur fond blanc avec 2 personnages fait de quelques traits qui discutent. L’équivalent d’un statut Facebook.

Heureusement je maîtrise la technologie. Les logiciels ne me font pas peur. J’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de patience. De plus, j’avais déjà un personnage créé un 1 an auparavant donc j’ai un gros trois semaines d’expérience. Cela ne sera pas facile ce projet d’homme-orchestre.

J’avais l’idée du siècle. Appliquer aux dessins ce que j’applique dans ma job de tous les jours c.-à-d. la programmation par objets. Je vais faire des bibliothèques d’expressions. Des yeux qui regardent vers le haut, vers le bas, de côté.  Des mains de toutes formes. Paume vers le bas, vers le haut, pouce en l’air. Quelques bras, quelques têtes et voilà! Un coup que cela sera terminé  je vais pouvoir faire mes histoires aussi rapidement qu’un statut Facebook. En fait, cela sera des statuts FB, mais à travers mes 2-3 personnages. J’aurais juste à piger dans ma banque d’yeux, de bouches, de jambes et de bras selon le contexte. Ce sera long à monter, mais après ce sera aussi rapide que de rater une pizza à broil. Que de naïveté !

Je commence à élaborer mes personnages. Un chien assurément, mon personnage créé il y a un an et un écureuil. De plus je n’ai pas à mettre du temps sur le look du personnage déjà créé. C’est là que le monstre a commencé à prendre forme. J’oublie déjà que je ne sais pas dessiner. Mettre au monde un look quand tu ne dessines pas vraiment ce n’est pas facile. Juste différencier un gars d’une fille, je trouve cela difficile.

Déjà je me complique la vie avec mes animaux. Les espèces ont des corps différents. La bibliothèque magique va devoir être plus grosse.

Au fil des jours, mon intention a germé. J’ai ajouté des personnages. Une fille et un chat. Dès le début, je passe de 2 à 3 à 5 personnages principaux et un paquet d’autres qui apparaîtront au cours des histoires. Je dois faire une bibliothèque d’humains, de chats, de chiens et de rongeurs. 

Mon idée de comic strip  à aussi évolué en un mélange des blagues et d’histoires qui vont évoluer sur plusieurs publications. Bravo! Je m’ajoute des épisodes ouverts et des épisodes fermés dans les pattes.

Je commence mes premiers dessins à la main. À l’ordi. Je retourne à la main. J’essaie sur ma tablette.  Je passe des heures à trouver une forme de tête pour les humains. Je dois en faire de face, de côté et de ¾.  Je dois choisir un nez et comprendre où le placer. Quelques millimètres trop à gauche et c’est un extraterrestre ou une personne vraiment laide. J’apprends le rôle des iris et des sourcils. Je me bats avec les lèvres et il y a beaucoup trop de front.

Je m’attaque aux corps. Il n’y a rien qui fait. Trop de tronc, fesses trop hautes,  épaules trop larges, ensemble trop grand, trop gros, trop mince, trop de cuisses, trop de mollets. Je suis constamment à diminuer la grandeur de mes personnages, à les amincir. J’ai toujours l’impression qu’ils sont difformes. 

Finalement, je trouve quelque chose de « good enough » sauf que 3 jours plus tard je les trouve encore difformes. Le look de mon personnage créé il y a un an est refait à 50%. Trop grands, trop gros, trop d’épaules, bras trop long, mollet trop droit et parlez-moi pas des seins.

OK « good enough » version 2…ou 3.  J’ajoute la tête faite auparavant sur le corps. Tabarnak. Trop gros, trop long, trop large. Heureusement je suis en vectoriel même si je suis conscient que mon manque de connaissance des fonctionnalités m’ajoute du temps de conception.

Je laisse mes humains et commence les dessins d’animaux. Des museaux de face ont l’air bizarres. Quelles couleurs je choisis? Je ne peux pas tous les mettre brun. Les pattes sont poches. Je suis toujours sur Google image pour trouver des exemples. 

En parallèle de tout cela, je dois trouver un titre pour le projet. J’essaie une cinquantaine de combinaisons de mots. Je me casse la tête pour les noms…Pourtant cela avait été tellement facile à trouver pour ma bédé il y a quinze ans.

Je commence à faire ma première case. Évidemment, je décide d’y mettre un perroquet. Cela n’avait jamais été une option. Je n’ai pas de perroquets dans ma bibliothèque. Mais les histoires « drive le show » et je me laisse emporter facilement. Chaque étape franchie est grisante, mais entraîne un paquet de nouveaux concepts à découvrir de façon autodidacte. Des choses du genre : Ouais…les personnages ne peuvent pas toujours être dans le vide. Je dois dessiner de l’immobilier pour les faire asseoir, jouer de la  musique et les mettre dans une pièce. 

Mon vrai chat vire fou de me voir régulièrement debout jusqu’à 4h du matin depuis octobre. Je dois littéralement acheter la paix en plaçant une chaise à côté de moi, car bizarrement à partir de 2h am il réclame trop d’attention. Peut-être que c’est parce qu’il est jaloux de mon personnage félin.

Pour la deuxième strip, il me vient à l’idée de donner au projet une saveur montréalaise.  Montréal sera un peu comme un personnage. Je dois dessiner Montréal?? Je perds la tête ou quoi? Cela me prend des heures à faire 2 bras et 2 jambes et maintenant je veux faire dire aux lecteurs: « me semble que je connais ce coin ». J’ai besoin de végétations, des bancs de parc, du ciment, du gazon, des édifices, des autos, des rues. 

Je dois faire de la mise en scène, des plans de caméra. Comprendre la perspective ou faire comme si je la comprenais. 

Je vous ramène au titre du texte…

Je dois accepter les faiblesses et me dire que les dessins sont  organiques. Que c’est correct que mon chien de l’épisode 1 ne ressemble pas à 100% au même personnage de l’épisode 4, car j’aurais acquis plus d’expérience. Mon oeil sera plus entrainé… j’espère.

Je dois faire tenir mon texte dans des bulles. Donc, faire des phrases courtes.  Pas de longs textes comme je fais en ce moment. J’en viens à la conclusion que les dessins doivent compenser le peu de mots que je peux utiliser. Je me dis qu’ajouter des détails va améliorer l’expérience en faisant augmenter le temps de lecture du strip. Je commence à ajouter des références qui risquent fort de passer inaperçues. Mes détails que je fais avec un zoom à 800% seront sûrement invisibles au format web.

Je heurte un mur. Mes personnages ont l’air de statue. Je dois choisir les expressions qui concordent avec le texte. Triste, heureux, fâché, étonné, vantard. Finalement c’est utile la combinaison yeux-sourcils. Ha Cibole! Les expressions d’animaux  ce n’est pas la même affaire à dessiner. Maudit museau!  Allez! On en rajoute sur la pile. Je dois être sensible aux poses en action. Décider d’une pose qui appuie le propos. Découvrir l’utilité des petites lignes dans certains contextes. Heureusement j’ai lu des tonnes de bédés et je crois que je connais involontairement certains concepts. Des heures à lire et relire les albums des éditions Dupuis (Boule et Bill, Gaston Lagaffe, Marc Lebut, Iznogoud, les Schtroumpfs, Spirou, Astérix, Lucky Luke), Les 4 as, Pif gadget, Archie, Peanuts, Tintin, Red Ketchup, Michel Risque.

C’est bien beau, mais cela donne quoi si personne ne le lit? Je dois mettre cela sur FB, créer un compte Instagram. Est-ce que je fais aussi un site WordPress? 

Le monstre devient de plus en plus monstrueux. Mais au-delà de tout cela, il faut que ce soit divertissant. Comment rendre un trois cases intéressantes ? Comment faire avancer une histoire en trois phrases alors que dans ma tête le scénario est assez élaboré ? Comment trouver mon erre d’aller pour être en mesure d’en publier une par semaine?  Il faut que j’en fasse combien d’avance pour ne pas sauter une publication hebdomadaire?  Pourquoi faire cela? Pourquoi mettre des mois à préparer des choses qui si elles sont lues prendront moins de 30 secondes à lire? Comment je vais faire face à la déception du peu de lecteurs ? 

Trop de “pensage”. Allez plonge pour une première saison avant que la pandémie cesse.

Une bibliothèque de quelques yeux et bouches…Yeah right! 

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